Dans un communiqué diffusé mercredi, l’instance esquisse les modalités d’un retour de ces athlètes, mis au ban du sport mondial dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine, fin février 2022.
Depuis des semaines, Thomas Bach ne cachait plus sa volonté de voir des athlètes russes et biélorusses concourir sous bannière neutre aux Jeux olympiques de Paris 2024. Le président du Comité international olympique (CIO) avait publiquement plaidé, au nom de la « mission unificatrice du sport », pour une réintégration des sportifs des deux pays, qui avaient été mis au ban de la plupart des compétitions en réponse à l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin fin février 2022, et du soutien de Minsk à cette offensive.
En dépit des vives protestations de Kiev, le CIO a fait un nouveau pas dans cette direction, mercredi 25 janvier : dans un communiqué, il a ainsi esquissé les modalités de leur retour. La décision reviendra toutefois aux fédérations internationales, les « seules autorités pouvant régir les compétitions internationales dans leur sport ». De fait, le droit de participer aux JO dépend des vingt-huit fédérations internationales régissant les sports olympiques d’été, et non du CIO.
L’instance a beau se positionner en deuxième rideau, elle joue cependant un rôle crucial dans ce dossier. C’est elle qui avait « recommandé » l’exclusion des Russes et Biélorusses, il y a près d’un an, avant d’entamer, en décembre dernier, une série de consultations afin d’organiser leur réintégration.
Après s’être notamment entretenue avec des représentants des athlètes, des fédérations et des comités nationaux olympiques, sa commission exécutive a exhorté mercredi à « étudier plus avant la manière » dont les sportifs concernés pourraient reprendre la compétition.
Pas de sportifs ayant « soutenu la guerre en Ukraine »
La feuille de route proposée implique toutefois « des conditions strictes ». Les Russes et les Biélorusses s’aligneraient « en tant qu’athlètes neutres », et ne pourraient participer que s’ils n’ont « pas activement soutenu la guerre en Ukraine ». Il leur faudra, en outre, se conformer « entièrement au code mondial antidopage », « vérifications » à la clé – en 2020, la Russie avait été bannie des grands rendez-vous internationaux, dont les Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2021 et ceux d’hiver de Pékin en 2022, pour avoir transgressé les règles antidopage.
Pour l’instance, « aucun(e) athlète ne devrait être interdit(e) de compétition sur la seule base de son passeport ». Cette position est partagée par « la grande majorité » des personnes consultées, selon le communiqué.
Le CIO, qui présente depuis le départ l’exclusion des sportifs russes et biélorusses comme une « mesure de protection » de leur intégrité et non comme une punition, a en revanche réaffirmé son attachement aux « sanctions » frappant leurs pays : aucune compétition internationale organisée sur leur sol, aucun drapeau, hymne ou symbole officiel pour leur athlète, et aucun représentant invité lors d’événements internationaux.
Cette prise de position est loin de satisfaire les autorités ukrainiennes. La veille de la diffusion du communiqué de l’instance, le président Volodymyr Zelensky avait de nouveau demandé à son homologue français, Emmanuel Macron, l’exclusion des Russes des prochains JO. La question, désormais, va être de savoir comment les fédérations internationales vont s’emparer des nouvelles recommandations, elles qui avaient été très promptes à suivre les directives du CIO à la fin de l’hiver 2022.
Mi-décembre, le président de la Fédération internationale d’athlétisme, Sebastian Coe, avait rappelé que les Russes demeuraient bannis « pour l’avenir proche », d’autant que leur cas est plus complexe dans cette discipline olympique majeure : indépendamment du dossier ukrainien, la Fédération russe est suspendue depuis 2015 pour avoir mis en place un système de dopage institutionnalisé, et les progrès sur ce plan doivent être réévalués en mars.
Selon le mode de qualifications pour les JO retenu dans chaque sport, le temps presse déjà : celles pour l’épreuve de marathon ont par exemple débuté depuis le 20 novembre ; elles commenceront le 1er juillet prochain pour la plupart des quarante-sept autres épreuves d’athlétisme.
Côté organisateurs, on attend « les règles qui seront édictées », soulignait mercredi soir Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des Jeux de Paris. « On souhaite que le rôle universel des JO puisse être préservé en 2024, on ne sait pas trop exactement quel sera l’état géopolitique des relations internationales. »