Le dimanche 8 janvier, sur les principaux plateaux de débats télévisés au Cameroun et tout le long du weekend sur les réseaux sociaux, un seul sujet : le scandale du complexe sportif d’Olembé. Du nom de cet ensemble d’infrastructures sportives en construction depuis plus de dix ans dans la banlieue ouest de Yaoundé. Le constructeur Magil a récemment annoncé son retrait de ce chantier qui a déjà englouti près de 200 milliards de francs CFA. Consacrant ainsi un nouvel arrêt des travaux. Une annonce qui a immédiatement ouvert la voie à des polémiques et une indignation générale.
Avec notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba
Les mots n’étaient pas assez durs pour dire le profond sentiment de colère ressenti ici et là depuis le retrait acté de du constructeur Magil du site d’Olembé. « Mafia d’État, plus gros scandale financier sous le règne du président Biya » a-t-on notamment entendu de plusieurs panélistes sur les différents plateaux. Un procès en règle contre « un mode de gouvernance qui institutionnalise l’évasion des fonds publics » a, par exemple, décrié le politologue Njoya Moussa sur le plateau de Vision 4.
« Corruption systémique »
Ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018, Me Akere Muna a conforté cette position en invoquant « un contexte de corruption systémique qui grève les finances publiques et qui empêche la réalisation efficiente de plusieurs projets au Cameroun ». Il a rappelé que, outre le stade d’Olembé, de nombreux autres projets ont connu le même funeste destin du fait de ces pratiques.
« Manteau d’immunité »
Entre autres le projet avorté d’acquisition d’un avion pour la présidence de la République, l’autoroute Douala - Yaoundé réalisé à ce jour au tiers du trajet total depuis plus d’une décennie. Plus choquant, s’est indigné le journaliste Souley Onohiolo sur Canal 2 International, c’est le sentiment d’impunité ou le « manteau d’immunité » dont semblent recouverts les gestionnaires de ces projets. Pour la plupart toujours en fonction. « Inadmissible » a conclu l’éditorialiste Edmond Kamaguia sur Équinoxe Télévision.