Tiken Jah Fakoly, un appel à l’unité et à la révolution

Le chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly a sorti en 2022 son onzième album studio, « Braquage de pouvoir ». Un disque illustrant le militantisme et l’appel à l’unité de l’artiste, qui sera de passage aux Docks à Lausanne le 23 mars 2023.

 

« Le peuple a le pouvoir, mais il ne le sait pas ». Telles sont les paroles de la chanson « Le peuple a le pouvoir », issue du dernier album de Tiken Jah Fakoly nommé « Braquage de pouvoir ». Le chanteur explique le sens de ces paroles à la RTS: « Je parle d’abord du peuple africain, qui est très divisé. Nous sommes divisés en ethnies, en religions ou en régions. Cela facilite la tâche des hommes politiques et leurs manipulations. Mais je pense qu’aujourd’hui, presque tous les peuples sont divisés. Les gens ne croient plus en la démocratie ou en la politique. Tout cela fait que nous n’avons plus de force. Pourtant, unis, nous sommes forts. »

Un engagement politique constant

L’année 2022 a rimé avec engagement pour Tiken Jah Fakoly: « Je fais du reggae. Le reggae a toujours rimé avec la politique. Tant qu’il y aura des injustices, des inégalités, des manipulations des hommes politiques envers les populations, je serai toujours engagé », explique-t-il. Après une grande tournée française, l’artiste se produira aux Docks de Lausanne le 23 mars 2023.

Pour le chanteur, la mobilisation et la pression sur les hommes politiques est la clé du développement de son continent. « L’Afrique n’est pas pauvre. Nous avons encore beaucoup de richesses comme le café, le cacao, le diamant, l’or, le manganèse. Imaginez: l’Afrique, qui détient la majorité des matières premières dans le monde, a besoin d’aide pour son développement! Il faut tout faire pour l’existence des Etats-Unis d’Afrique et pour que nous parlions d’une seule voix. L’Afrique est le continent d’avenir. Il faut simplement qu’on se mette ensemble pour que le gâteau africain soit partagé équitablement. »

La religion, barrage à la révolution

Dans la chanson « Religion », Tiken Jah Fakoly chante en anglais « La religion devrait être cool/ La religion peut être folle […] Si tu veux te suicider, fait-le seul/ Si tu veux aller dans ton paradis, vas-y seul. » Une critique de l’extrémisme religieux, mais pas seulement.

« Pour nous, Africains, la religion est un vrai problème. Nous sommes endoctrinés par les idées religieuses chrétiennes ou musulmanes, dont les représentants s’enrichissent sur notre dos. Ils nous disent d’attendre le paradis de demain tandis qu’ils vivent déjà au paradis aujourd’hui! Ils possèdent de grandes villas, l’eau courante, l’électricité et de grosses bagnoles grâce aux fidèles qui vivent dans la misère, mais qui cotisent pour leur donner de l’argent. Cela est problématique pour l’évolution de l’Afrique et fait barrage à la révolution », précise Tiken Jah Fakoly.

Bob Marley, inspiration intemporelle

Symbole de la musique reggae, du rastafarisme et de la justice sociale, Bob Marley inspire constamment Tiken Jah Fakoly, qu’il définit comme son exemple et son idole. « Pour moi, Bob Marley est le dernier prophète. C’est quelqu’un qui va encore être écouté pendant longtemps. Il a chanté des chansons il y a cinquante ans qu’on utilise encore. Son message est ‘Africa, unite’. Tant que l’Afrique sera divisée, elle sera toujours manipulée. »

Propos recueillis par Witold Langlois

Adaptation web: Myriam Semaani

Source : RTS